Car, avant même l’examen de la première délibération, le groupe UMP dans son ensemble a dû quitter l’enceinte de la salle du Conseil.
Le jour du Conseil, donc, Madame le maire s’exprime. Et loin de moi l’idée de remettre en cause cette déclaration où elle a rendu un hommage mérité aux personnes qui, confrontées soudainement à l’imprévu du pire de la nature humaine, ont anonymement fait preuve du meilleur. Les agents concernés par le confinement des écoles du 12e et présents dans le public ont été chaleureusement applaudis par l’ensemble des membres du Conseil. Je noterais simplement qu’il fut beaucoup question, dans le discours du Maire, de ses propres gestes et émotions alors que les circonstances auraient souhaité un propos plus impersonnel, eu égard à l’exigence de représentativité de tous les élus, revendiquée par elle, qui plus est.
La suite du conseil devait reprendre son cours et la parole (désormais strictement encadrée par un règlement intérieur tatillon) fut donnée à Corinne Tapiero. Elle a saisi cette occasion pour lire à son tour une déclaration sur la prise d’otages funeste de l’Hyper casher par un individu se revendiquant de l’islam radical. A la fin de ce discours dont l’expression tenait à cœur à Corinne Tapiero, le Maire a subitement et contre toute attente pris cette déclaration pour une attaque personnelle ! « Je n’ai pas de leçon à recevoir ! » s’est-elle exclamée avec véhémence. Revendiquant définitivement le monopole de l’hommage, elle empêche également Valérie Montandon, présidente du premier groupe d’opposition qui a réuni 47% des suffrages, de prendre la parole, ne serait-ce que pour justifier l’intervention de Corinne Tapiero et apaiser une tension inutile.
Pourquoi Madame Baratti-Elbaz s’est-elle sentie ainsi visée par cette déclaration d’un membre de l’opposition ? Pourquoi s’est-elle cru obligée de prendre pour une tentative de dénigrement personnel ce qui n’était rien d’autre que l’expression légitime d’une association active à l’hommage rendu ?
Certains pourraient trouver une explication dans l’égo de Madame Baratti-Elbaz : du « moi je » et encore du « moi je »… Mais seules les conséquences politiques sont intéressantes et extrêmement regrettables car son attitude porte atteinte à la liberté de parole des élus.
Pire, ce moment a révélé que la façon unilatérale de considérer « l’unité nationale » dans des circonstances qui la justifient pourtant naturellement n’est en somme qu’un artifice politique utilisé pour décourager toute expression qui oserait s’émanciper du monopole imposé.
Si l’unité nationale devient « l’unité c’est moi », il ne faut pas s’étonner en effet qu’une initiative spontanée et complémentaire soit vue par celui qui personnalise l’expression publique comme une tentative de déstabilisation politique.
Ne souhaitant pas que l’on instrumentalise plus longtemps ces tragiques événements, nous demandons simplement au Maire de s’en tenir dorénavant au respect des principes élémentaires de l’expression démocratique, ce qui passe par celui de la minorité. En toutes circonstances…
MS