Nouveaux abris bus à Paris, abris-rien

Ils ont été imaginés, il y a plus d’un an désormais, par un empereur du désign : Marc Aurel. Mais cet empereur a malheureusement manqué de philosophie ! Si l’esprit créatif est au rendez-vous, la fonction initiale de l’abris-bus a disparue.

Et je le soutiens ce lundi 14 septembre 2015 au Conseil du 12e arrondissement de Paris.

C’est d’abord en tant qu’usager que j’ai pu me plaindre de ces lieux d’attente quotidien de « transports en commun de surface » (formulation officielle). Mais, encore peut-être craintif de la réponse des « avertis du pays » (cette modernisation des abribus ayant été adoptée à l’unanimité du Conseil), je me suis fait une raison pour ne pas critiquer d’emblée cette modernisation du mobilier urbain, en me disant que l’adaptation à toute nouveauté prend plus ou moins de temps en fonction de chaque individu.

Seulement, j’ai rarement été témoin d’une telle montée massive et unanime de reproches contre ces nouveaux abris-bus. J’ai vu des personnes âgées ou en bas âge recroquevillée sur elle même, non pas sous l’abris-bus mais derrière le panneau publicitaire, car ils avaient préféré se protéger du vent à défaut de la pluie (qui souvent rentre dans l’abri-bus. Il m’est donc apparu nécessaire de soulever ce problème concret au Conseil d’arrondissement du 14 septembre 2015 sous forme de la question orale suivante (télécharger la version PDF) :

Madame le maire,

J’ai l’honneur de vous solliciter, dans le cadre du conseil d’arrondissement du 14 septembre prochain, d’une question orale relative aux abribus récemment installés dans notre arrondissement, qui suscitent un nombre important de reproches d’habitants.

En effet, au cours des premiers mois de 2015, l’intégralité des abribus a été remplacée par un nouveau mobilier urbain redessiné par Marc Aurel. Cela fait suite à la réattribution par le Conseil de Paris, en décembre 2013, pour 15 ans, du marché d’affichage des Abribus parisiens à la société JC Decaux (délibération  2013 DVD 230/2013 DF 108/2013 DDEEES 249 Signature du marché de conception, fabrication, pose et entretien d’abris voyageurs et mobiliers urbains associés).

Ces lieux d’attente des transports en commun de surface proposent un nouveau design, une nouvelle signalisation, des écrans indiquant les temps de passage (quand ils fonctionnent), des cartes interactives ou des prises permettant la recharge de téléphones portables. Ce qu’ils ne proposent plus, c’est la fonction d’abri, car ils sont désormais ouverts aux quatre vents. Or ce point suscite un grand nombre de critiques unanimes de ces abribus. L’absence de protection contre la pluie et le vent les rend même, en pareil cas, très inhospitaliers, aussi bien pour les usagers qui occupent la banquette (placée en plein courant d’air), que pour les autres qui ne bénéficient plus de l’appui et de la protection que les vitres des anciens abribus offraient contre les intempéries.

Autrement dit, ces nouveaux abribus ne répondent plus à leur fonction première.

C’est la raison pour laquelle je vous remercie de nous informer si une enquête de satisfaction est envisagée et, à défaut, si vous entendez en solliciter une auprès du maire de Paris afin de rappeler aux délégataires privés ses obligations contractuelles publiques.

Dans cette attente, je vous prie d’agréer, Madame le maire, l’expression de ma considération distinguée.

 

Matthieu SEINGIER