La Chambre régionale des comptes (CRC) d’Île-de-France a publié hier plusieurs rapports très critiques à l’encontre de la gestion financière de la ville de Paris. La CRC confirme ainsi ce que nous n’avons eu de cesse de dénoncer : parce qu’elle refuse de faire des choix courageux, Madame Hidalgo emmène les finances parisiennes dans le mur.
Dans le monde merveilleux de la Maire de Paris, on s’imagine qu’on peut tout à la fois maintenir et même amplifier les investissements, tout en limitant l’endettement et sans augmenter les impôts. Pour notre part, nous rappelons notre préférence pour une réduction modeste des dépenses le temps d’assainir les finances de la ville.
La situation se dégrade pourtant très rapidement. Les magistrats de la CRC rappellent par exemple que l’agence Standard & Poor’s a évalué à 22 ans en 2017 la capacité de désendettement de la ville, très au-dessus du seuil d’alerte traditionnel estimé à 12 ans. Rappelons que la dette devrait atteindre 7,5 milliards d’euros en 2020, alors qu’elle n’était que d’un milliard d’euros en 2001.
Les rapports de la CRC mettent également à jour la malhonnêteté intellectuelle de l’exécutif parisien, qui n’hésite pas à changer d’indicateurs quand leurs résultats ne leur plaisent plus. Il en est ainsi de la capacité d’autofinancement, qui diminue très fortement de 57% à 32 % (en moyenne) entre 2012 et la période 2015-2018, que la ville remplace par une notion en apparence proche, mais en réalité fabriquée de toutes pièces pour donner des résultats moins catastrophiques.
La méthodologie et la sincérité de la ville sont tellement discrédités qu’on apprend ainsi avec étonnement que selon la CRC, les analyses budgétaires de Standard & Poor’s sont plus parfois plus claires que les propres présentations de l’exécutif parisien, ou encore que la ville n’a suivi quasiment aucune des recommandations de la CRC déjà formulées par le passé.
Dans ces conditions, les magistrats de la chambre indiquent que la ville va devoir augmenter l’ensemble de ses tarifs municipaux (stationnement, infrastructure sportives, etc.) ou rendre payant des services qui sont aujourd’hui gratuits.
Compte tenu de la gravité de la situation dénoncée par la CRC, les élus du groupe les Républicains au Conseil de Paris demandent à la Maire de Paris de diligenter un audit externe et indépendant de la situation des finances parisiennes, qui seul sera à même de rétablir notre confiance rompue dans la sincérité budgétaire de l’exécutif.
Nous exigeons également que l’équipe municipale présente lors de la prochaine séance du Conseil de Paris un document détaillé sur l’évolution passée et prévisionnelle des grands agrégats de la masse salariale de la ville de Paris, dont les effectifs ne cessent de croître année après année, sans que cela ne soit nécessairement accompagné d’un meilleur service aux Parisiens.
Voir le CP sur le site des Républicains.
Voici aussi quelques extraits du rapport de la CRC, sur les finances parisiennes, du 19 mai 2016 intitulé « Les marges de manœuvre financières de la Ville de Paris – La soutenabilité d’une stratégie » :
- La gestion des budgets de fonctionnement devra jouer un rôle crucial dans la stratégie arrêtée en 2014 avec d’ores et déjà, deux buts à atteindre : la réussite de la modernisation des recettes et l’accentuation de la politique de sobriété en matière de dépenses.
- compte-tenu du contexte, les auditeurs s’interrogent sur l’opportunité de maintenir l’aide de la Ville de Paris sachant que le montant actuel de la subvention annuelle ne permet pas d’écarter le risque avéré de cessation de paiement (…) ;
- Avec un taux de 7 % en 2013, le taux d’épargne brute de la ville de Paris s’inscrit significativement en dessous de celui de l’ensemble des collectivités ;
- La faiblesse de l’épargne brute est susceptible, à partir de 2017, de remettre en cause la soutenabilité du programme d’investissement de la mandature ;
- La contribution du budget de fonctionnement à l’effort d’équipement étant ainsi en net recul, les recettes d’investissement auront désormais, avec l’endettement, vocation à financer l’essentiel de cet effort. Cette importante modification dans la structure de la capacité de financement devrait, dans le même temps, voir la dette augmenter de près de 80 %.