Ce jeudi 3 novembre 2016, j’assiste, avec Valérie Montandon, à une réunion de présentation de l’évolution du projet d’aménagement Gare de Lyon Daumesnil.
Une fois de plus, avant même de discuter du fond, je ne peux me lasser de déplorer l’infantilisation des réunions publiques par des animateurs professionnelles nous expliquant que c’est « ensemble que nous construisons ce quartier » à venir, que c’est vous qui aller « élaborer » cet espace, que vous allez vivre ce chantier, etc.
Cette réunion a encore dépasser une étape puisque désormais l’animateur n’hésite pas à se déplacer dans la salle, micro en main, comme une émission d’Hanouna, afin d’interroger des membres du public pour « recueillir leurs attentes »… en quelques secondes.
Il nous ait rappelé que cette réunion est le fruit notamment d’une pseudo « concertation » c’est-à-dire qui consiste à réunir des habitants, au sein « d’ateliers » vérouillés par des « professionnels de la conduite de concertation », à savoir des animateurs, et recueillir leur avis. Cette tâche a été confiée par les élus socialistes à la société privée « Etat d’esprit ». Elle avait déjà officié pour Bercy-Charenton (voir l’article sur ce sujet ici). Et leur rôle, je n’invente rien, consiste à « Faire réfléchir collectivement les participants sur leurs besoins d’usage en lien avec ce nouveau quartier« . Par l’emploi même la notion de « Faire réfléchir », tout est dit. La réflexion est déjà encadrée a priori.
Et quand les participants, réellement sincères dans leur démarche, sont interrogés sur ces ateliers (ils sont 27 !), ils reconnaissent bien sûr la compétence des animateurs, la bonne organisation et l’écoute des intervenants mais ne peuvent que critiquer que le temps de paroles sont limité et que le débat soit fermé, cloisonné voire l’imprécision de certaines explications (j’ai à ma disposition les résultats de cette étude).
Hé oui, c’était le but…
Effectivement, il y a une crise de confiance de la démocratie représentative. Je ne peux que la constater en tant qu’élu de terrain. Certes, il y a une demande de démocratie plus direct (je me refuse à parler de démocratie participative, tant ce pléonasme peut recouvrir de dispositifs variés, plus ou moins efficaces) mais ce type de méthode, à base de show et de groupe de parole, s’apparente davantage à du bridage de la parole publique qui dégoute encore plus les personnes qui y ont participé dans le rôle de figurant. Dès lors que la démocratie est représentative, c’est aux élus, notamment l’exécutif, de savoir ce que recherche la population.
Utiliser les moyens publics pour payer des sociétés qui vont écouter les riverains à leur place pour ensuite légitimer une soi-disant concertation avec maximum 60 personnes, dont la seule légitimité est d’avoir du temps libre pour aller à des groupes de parole nommés « atelier » constitue une manipulation de plus qui ne peut que dégouter de la politique.
Ce projet est d’autant fermé qu’il est porté par Espace ferroviaire, l’aménageur de la SNCF qui est propriétaire de ce site de 6 hectares, actuellement occupé par des Halles et des bâtiments liés à l’activité ferroviaires de la gare de Lyon.
Cet espace enclavé, entre la gare de Lyon et ses voies, la rue du Rambouillet et la rue du Charolais, est rempli de contrainte technique dont seuls des architectes ou des spécialistsites de l’urbanisme peuvent répondre.
De même, ce quartier fait l’objet d’une convention avec la ville de Paris dans lequel il est prévu : 600 logements, 1 hectare de parc, 1 complexe scolaire (maternelle et primaire), 45.000 m2 d’activités tertiaires mais aussi deux espaces de logistiques pour la gare de Lyon.
Ceci dit, cette zone peut devenir un quartier attractif, dans la continuité de ce qui a été rue du Charolais (Charolais rotonde), dès lors qu’il est vraiment mixte en terme de logment et non une future cité de logements très sociaux. Il serait donc intéressant de connaître la répartition des 600 logements envisagés. Cela ne nous ait pas encore clairement donné mais ils semblent que seul 20% soit laissé au privé. L’objectif de ce quartier semble donc déjà bien compromis par cette obsession de déséquilibré le 12e au détriment des classes moyennes et par un manque d’ambition qui implique des sources de financements plus larges.
A suivre (article rédigé pendant ladite réunion)