Le château de Bercy

Article écrit pour le magazine du conseil de quartier en 2010 et republié pour la campagne

Savez-vous que du 17e siècle jusqu’à 1790, date de sa création en tant que commune, Bercy était associé à un château dont le raffinement était connu de toute la France ? Sa construction, sur des plans attribués à François Le Vau, fut ordonnée vers 1658 par un personnage important du règne de Louis XIV (membre de son Grand Conseil, un temps intendant des finances), Charles-Henri de Malon de Bercy, marquis de Nointel.

BERCYPour vous faire une idée de ses limites, tracez un espace entre la Seine, la rue de Charenton, l’immeuble Lumière (cour Saint-Emilion) jusqu’à une partie de la ville de Charenton, où se situait le château. N’hésitez pas à vous rendre rue du petit château, afin d’admirer les écuries et un bâtiment des communs, toujours visibles et récemment restaurés. Entre ces deux bâtiments, imaginez une allée transversale, celle de l’avant-cour du château et surtout un magnifique jardin à la française, dessiné par Le Nôtre, se terminant en terrasse sur la Seine. De nombreuses représentations, des poèmes, célébrèrent la beauté de ce parc, qui fut ouvert au public les dimanches et jours de fête par le propriétaire de l’époque, le comte de Nicolaï, maire de Bercy de 1821 à 1830.

La meilleure description des richesses abritées par le château (magnifiques boiseries, styles Louis XIV, Régence et Rocaille) revient au catalogue de vente aux enchères de ces biens (que certains ont qualifié d’acte mortuaire). Car après avoir échappé aux destructions révolutionnaires, réquisitionnée (une fabrique de papiers peints y fut installée par un proche de Robespierre, qui profita d’ailleurs du luxe de la demeure), cette propriété ne résista pas au développement industriel : vendue d’abord en 1843 à l’armée pour édifier le mur de fortification (dit de Thiers), dont on peut voir encore les ruines d’un fortin près de l’échangeur de Bercy, puis en 1861 à la Société de chemins de fer « PLM ». Le château fut d’abord entouré de voies ferrées avant d’être détruit pour faire place aux entrepôts.

Les boiseries du Grand Cabinet du premier étage remontées au château de Camden Place (Royaume-Uni) dans l' »Eugénie room », photo extraite de http://chateaubercy.wifeo.com

Que reste-t-il de cette résidence ? De nombreuses boiseries sont réparties au musée des arts décoratifs, dans d’autres hôtels parisiens (comme rue de l’Elysée), français ou même anglais. Une console au Louvre. La balustrade de la chapelle du château, qui servit de lieu de culte aux habitants de Bercy jusqu’à la construction en 1826 de l’église de la Chambeaudie, est conservée à Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux de Paris. Et un cèdre de son parc replanté aux buttes Chaumont. Pour plus d’information, un formidable site dédié propose photos et reconstitutions : http://chateaubercy.wifeo.com/ (d’où sont extraites ces images).

Attention, ne pas confondre ce château avec le « petit-Bercy », folies du 18e siècle, dont on peut voir quelques vestiges dans l’actuel parc de Bercy.

Matthieu SEINGIER

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  2. […] s’étend à l’est jusqu’au château de Bercy, dont l’emplacement actuel est à […]

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