Humeur sur la "démocratie participative" ou "démocratie perchée".
Dans le cadre du conseils de quartier Vallées de Fécamps, les participants dénoncent régulièrement l’aménagement du carrefour entre les rue Taine, Charenton et Wattignies. Ils ont totalement raison. Ce carrefour est très accidentogène et la placette issue de la destruction d’une partie des habitations de la rue Proudhon, n’est pas mise en valeur.
Jusque là, le Conseil de quartier est dans son rôle et atteint ses limites. L’aménagement concret de cette voie publique implique une technicité qui, sauf exception, relève des services spécialisés de la Ville.
Mais comment faire pour donner aux conseillers, dont certains n’en demandent pas tant, qu’ils peuvent continuer de décider avec les habitants. Voici la réponse sur le site de l’arrondissement :
L’aménagement du carrefour Charenton – Wattignies – Taine fait partie des 11 projets retenus par le vote du Budget Participatif 2015 dans le 12e arrondissement. (…)
Nous vous proposons de choisir l’arbre fleuri qui sera mis en terre lors de la prochaine période de plantation à l’automne 2016, parmi la présélection du service de l’arbre de la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement
Ne passez donc pas à compter de cette formidable occasion de vous exprimer avant le 15 juin 2016. La démocratie perchée sur son arbre est en jeu. Le lien de vote est ici.
En effet, l’un des grands dadas de l’exécutif du 12e arrondissement est la « démocratie participative » ou « démocratie perchée ». Au delà du pléonasme aussi ridicule que le célèbre « tri sélectif », cette notion recouvre, d’une part, les conseils de quartier (qui ne sont pas commentés ici mais dont on peut résumé qu’ils sont une avancée si les participants sont réellement écoutés par la mairie et dont l’activité dépend du niveau d’investissement des participants) et, d’autre part les consultations diverses.
Ces dernières sont souvent réalisées via internet, où on ne peut pas vérifier l’identité des votants, ou par des urnes, sans vérification d’inscriptions sur les listes électorales. Elles reposent donc sur la seule volonté des participants, dont le nombre est totalement faible par rapport à la population et n’ont par conséquent aucune légitimité démocratique.
L’objectif réel est de donner, sous un regrettable aspect ludique, une espèce de vernis démocratique à une décision déjà prise en amont par l’exécutif.
Ce qui est surprenant c’est que les même personne qui se félicitent du « dynamisme de la démocratie participative » sont les même qui sont réticentes au référendum tel qu’envisagé par l’article 3 de notre constitution et précisé par son article 11 (national) ou 72-1 (local).
L’Histoire montre en effet que la Gauche a une certaine aversion pour la souveraineté populaire.
D’ailleurs, une discussion avec une personne méfiante du référendum tourne vite à une prétendue absence de maturité des électeurs. Le point finale de la conversation ne tarde pas à arriver soit sous la forme d’un point Godwin, soit sous une autre tournure quand elle a dérivée sur la maturité de l’interlocuteur éclairé, forcément défenseur des libertés fondamentales mais néanmoins électeur, lui-aussi.
Au demeurant, au-delà de la confiance nécessaire de l’expression globale des français qui font le choix de se déplacer vers les urnes, après réflexions, des garanties apparentes de la saisine du Conseil constitutionnel sur toutes les mesures préalables au scrutin, l’initiative référendum dépend de la bonne volonté du président ou du parlement.
En résumé, la seule expression démocratique directe concrète est le référendum dument organisé. Tout le reste n’est que de la communication ludique.
La « participative » ne répond donc pas au besoin d’écoute qu’ont nombre de citoyens, comme l’illustre, une fois de plus, pour les personnes de « sensibilité de gauche », le mouvement Nuit debout et que la démocratie représentative ne parvient plus combler.
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[…] Le budget participatif n’a donc rien de démocratique comme j’ai déjà pu le critiquer par ailleurs (voir ici). […]