Article publié dans le feu blogue "12ensemble", le 13 avril 2007 Cet article, co-écrit, est publié par honnêteté intellectuelle avec ce que j'ai pu penser et dont certains points ne me correspondent plus du tout.
Ce titre est celui que le célèbre hebdomadaire The Economist a choisi cette semaine pour son édition mondiale. Sur la couverture: vous voyez le fameux portrait de Napoléon sur son cheval qui se cabre ( à Marengo, si mes souvenirs sont bons ) sauf que c’est Sarkozy qui le monte…avec un bicorne républicain, le doigt pointé en avant pour tracer le chemin.
Au-delà d’une habitude qui est celle de The Economist de prendre partie pour un candidat à chaque grand événement électoral dans le monde, il s’agit bien en effet davantage de dire pourquoi Sarkozy est le meilleur espoir pour la France.
Le constat qui ressort de l’éditorial comme de l’article consacré à la course à l’Elysée est le suivant: Nicolas Sarkozy n’est pas un libéral idéologue, mais juste un homme pragmatique au sens propre, c’est-à-dire tourné vers l’action. Aujourd’hui seules l’action et la volonté de réforme peuvent donner une autre chance à la France, en aucun cas l’idéologie, quelle que soit la forme de celle-ci. En effet, on entend déjà les cris d’orfraie à l’idée qu’un journal anglo-saxon libéral ( il est en fait quasiment inutile d’aligner ces deux termes tant ils sont interchangeables) soutienne Nicolas Sarkozy.
Certains y voient là la preuve du libéralisme soi disant destructeur et sans scrupules de notre candidat, de son atlantisme dévoyé. Pourtant, il ne faut pas s’y méprendre…The Economist est un journal anglo-saxon de tout ce qu’il y a de plus modéré. J’en veux notamment pour preuve sa très sévère critique de la guerre en Irak. On ne peut donc pas le soupçonner d’indulgence vis-à-vis d’un présumé atlantisme de Nicolas Sarkozy, qui n’est d’ailleurs une certitude que pour ceux qui croient que serrer la main du chef d’Etat de la plus grande démocratie de la planète est une injure à la démocratie.
Il est surprenant, en sortant de nos frontières, de voir à quel point le diagnostic porté sur la France diffère de celui que bien des médias et hommes politiques français nous donnent, si tant est qu’ils en posent un. L’image que nous donnons de nous est celle d’un pays aux atouts considérables. The Economist rappelle notre taux de fécondité, le plus élevé d’Europe. Il rappelle notre système de santé publique qui est loin d’être mauvais, pourvu qu’on sache le gérer convenablement, en ne faisant pas peser toutes les charges sur l’Etat, ce qui risque d’étouffer le système: de fait nos hôpitaux publics font partie des meilleurs au monde. Il rappelle aussi le record de vitesse de notre TGV, signe de notre vitalité dans le domaine technologique. Il rappelle aussi les bons résultats du CAC 40, eh oui, qui contrairement à ce que veulent faire croire les adeptes d’un manichéisme mensonger et irresponsable, au lieu d’être la preuve de profits éhontés pour les plus riches sont avant tout le signe que la France a un potentiel économique mondial considérable. Heureusement pour la France que son CAC 40 se porte bien, sans cela nous ne serions non pas à la 17e place mondiale en termes de PIB, mais plutôt à la 40e…ce que nous voulons, avec Nicolas Sarkozy, c’est que le reste de notre économie se porte aussi bien que les entreprises de son CAC 40.
Et pourtant, la France souffre d’un malaise profond. Inutile de rappeler la liste des maux: elle est longue et nous la connaissons. Le fait est que la France a une des croissances les plus faibles d’Europe. Le problème est principalement là: notre difficulté à renouer avec la croissance que nous avons perdue en un quart de siècle. Le constat de Nicolas Sarkozy est clair: les 35 heures furent notre plus grosse erreur.
Mme Royal et M. Bayrou ont beau dire, il ne s’agit pas d’une obsession. Il s’agit au contraire d’un poids considérable qui pèse sur notre croissance, notre compétitivité, et qui se répercute au jour le jour sur le pouvoir d’achat des Français. Comment peut-on être crédible pour rendre à l’économie une vitalité perdue si l’on n’est pas même capable de définir les causes réelles de notre déficit de croissance ?
Avant de guérir encore faut-il être à même de poser le bon diagnostic. Et pour cela inutile de partir à l’assaut contre des moulins à vent, en faisant porter la faute à un capitalisme barbare et prédateur de notre cher “modèle social”. Une telle attitude me fait penser à certaines époques où l’on désignait des boucs émissaires pour expliquer l’apparition d’épidémies: en les stigmatisant ainsi peut-être croyait-on être guéris de tous les maux. Nous vivons en effet un certain obscurantisme, qui est la marque d’une idéologie mal assumée, et dans tous les cas, d’une frilosité certaine. Frilosité face à la mondialisation, peur de perdre notre “modèle social”, le tout couronné par une vieille idéologie bien française qui nous place sur un îlot utopique complètement coupé du monde. Comment comprendre cet effarement congénital de la gauche face à un prétendu libéralisme à peine existant en France mais qui serait la cause de notre malaise ? Il serait bon que nos gens de gauche se rendent déjà compte que, pour surprenant que cela puisse paraître, leur vieil ennemi nommé Chirac a été de loin le chef d’Etat le plus à gauche de toute l’Europe. Cet obscurantisme se voit en outre renforcé par une démagogie puissante, qui va au-delà de la simple “comm’” nécessaire en période électorale, car elle a fini par se substituer purement et simplement au message politique: “La France présidente”, tout un programme…
Comme le remarque The Economist, le seul candidat à parler nettement de la croissance dans cette campagne est bien Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal n’en parle pas, mais nous déverse un déluge de promesses toutes aussi coûteuses et destructurées les unes que les autres. A chacune de ses propositons, elle promet de créer un nouveau service public dans tel ou tel domaine, nous sort une loi pour tout et n’importe quoi, quand il ne s’agit pas parfois de “loi-cadre” ( attention…) et garantit de nouvelles dépenses supplémentaires. Ce vieil Etat-Providence n’est pas viable aujourd’hui: c’est d’un Etat stratège que nous avons besoin, pas d’une masse informe qui promet de pallier les moindres besoins des Français, à la manière d’une mère de famille qui donne à ses enfants un peu d’argent de poche pour la semaine.
François Bayrou, quant à lui, demeure dans un équilibre incertain entre sa droite et sa gauche, entre prudence fiscale et interventionnisme à l’ancienne, mais sans ligne d’horizon lui permettant de voir loin. C’est un peu, vous savez, comme l’âne de Buridan, qui à défaut de se déterminer entre le seau d’eau et la botte de foin finit par crever. Par peur de tomber, M. Bayrou évite de marcher, mais en compensation, nous promet, s’il est élu, une belle majorité au Parlement, qui ne sera en fait qu’une majorité d’opportunistes. Que voulez-vous, on fait avec ce qu’on a ( ou, pour François Bayrou, pas encore…)
Il est évident que Nicolas Sarkozy, à défaut de faire de belles promesses, sait proposer une voie courageuse et réaliste, parce qu’il en la volonté mais aussi les moyens. Que ce soit pour la réhabilitation du travail, seul moyen de doper la croissance et le pouvoir d’achat, que ce soit pour la responsabilisation individuelle dans le système de soins, au moins en petite partie, que ce soit pour une politique d’immigration fondée sur le travail et l’intégration, que ce soit pour un renouveau européen, institutionnel et pragmatique.
Il va de soi que notre rejet du traité constitutionnel nous place en porte-à-faux vis-à-vis de nos partenaires. Il va de soi qu’il serait irréaliste et présomptueux d’imposer des clauses draconiennes qui seraient mal acceptées par nos partenaires. Notre refus de 2005 nous impose de relancer une construction européenne que de fait, nous avons contribué à bloquer. Pour cela, il nous faut être imaginatifs et réalistes.
Nicolas Sarkozy est le seul candidat qui propose également une réorganisation réaliste et acceptable pour nos autres partenaires européens de la Banque Centrale Européenne. Nous devons pour cela prendre conscience du fait qu’il est inutile et démagogique de faire porter la faute à la BCE de notre mauvaise croissance, alors que celle des autres pays européens se porte bien. Cette réforme est cependant nécessaire. Tout en gardant les apports de l’Europe, Nicolas Sarkozy souhaite mettre en place un véritable gouvernement économique de l’Europe comme le font tous les grands pays du monde (les Chinois, les Américains ou les Japonais, qui aujourd’hui cherchent à sous-évaluer leur monnaie).
Nicolas Sarkozy est un libéral mesuré qui parle de politique de la réciprocité. Nos marchés sont ouverts à ceux qui ouvrent les leurs mais ils sont fermés à ceux qui ferment les leurs. C’est la politique qui refuse la concurrence déloyale et qui met des barrières aux dumpings monétaires, fiscaux, sociaux et écologiques. Si la concurrence est déloyale il est normal de pouvoir mettre en place des clauses de sauvegarde pour avoir un moyen de pression dans la négociation commerciale. C’est pourquoi il est le seul à préférer pour l’Europe une préférence communautaire sur le plan économique.
Cette idée, que Nicolas Sarkozy avait lancée lorsqu’il était ministre des Finances, fait maintenant du chemin en Europe. Elle montre que Nicolas Sarkozy a les moyens de réaliser, s’il est élu, une véritable relance de l’Europe, institutionnelle et économique, qui serait profitable à la France dans un contexte de mondialisation que nous devons être à mêmes de maîtriser plutôt que de subir. Elle montre la crédibilité de notre candidat face à nos partenaires européens. Elle montre sa crédibilité pour réinscrire la France dans la voie de la croissance. Elle montre qu’il est le seul, aujourd’hui, à pouvoir réellement et durablement mener les réformes dont la France a besoin.