Avocat est plus qu’une profession. C’est un état. Il prédomine donc l’engagement politique et, à ce titre, je me dissocie de la position des parlementaires de mon parti qui soutiendraient une nouvelle prorogation, au-delà du 26 juillet 2016, de l’état d’urgence, proposée par Manuel Valls, qui est source de graves dérives.
Pourquoi ?
Je m’en remets au communiqué de presse du bâtonnier de Paris, de ce jour :
Il y a urgence que cesse l’état d’urgence.
L’état d’urgence doit être renouvelé le 26 juillet.
Il faut que cet état d’exception cesse. Avec le temps, l’état d’urgence a dérivé.
Après trois mois d’état d’urgence, 17% des perquisitions avaient débouché sur des actions judiciaires.
315 découvertes d’infractions l’ont été durant le premier état d’urgence, 305 pendant le deuxième état d’urgence et seulement deux de février à fin mars 2016.
Une soixantaine de personnes est toujours assignée à résidence, cinq fois moins que pendant les semaines qui ont suivi les attentats.
Seulement 7% des perquisitions administratives ont donné lieu à des poursuites judiciaires et 5 procédures ont été ouvertes par le parquet antiterroriste.
L’activité économique en pâtit avec un recul de 20% du chiffre d’affaires des entreprises.
Aucun Français ne peut être préparé à un attentat que l’état d’urgence soit ou non maintenu.
Ni sur le plan de l’efficacité, ni sur le plan juridique, ni sur le plan politique, ni sur le plan psychologique, ni sur le plan budgétaire, ni sur le plan économique, il n’est plus possible de justifier l’état d’urgence.
Au moment où se murmure que cet état d’urgence suffit, il nous appartenait d’élever la voix plutôt que de chuchoter.