Lors du Conseil d’arrondissement du 15 juin 2015, auquel je n’ai malheureusement pu assister, a été examinée la délibération DVD 164 portant sur la délégation générale en matière de marché public qui dispose :
Article 1: La Maire de Paris est autorisée à prendre toute décision concernant la préparation, la passation, l’exécution et le règlement des marchés de travaux, fournitures et services ainsi que toute décision concernant leurs avenants et décisions de poursuivre pour le projet d’embellissement des grandes places parisiennes;
Article 2 : Un bilan d’avancement de ce projet comportant notamment une présentation des marchés de travaux, fournitures et services passés ou à passer sera présenté.
Article 3 : La Maire de Paris est autorisée à déposer toutes les demandes d’autorisations et déclarations préalables règlementaires au titre de divers codes (urbanisme, environnement, patrimoine, …) susceptibles d’être nécessaires pour la réalisation de ces projets
Article 4 : Les dépenses correspondantes sont imputées au budget d’investissement de la Ville de Paris, et le cas échéant pour certaines dépenses particulières au budget de fonctionnement de la Ville de Paris, sous réserve de financement.
Autrement dit, cette délibération autorise la maire de Paris à élaborer, pour chaque place, un plan programme, en déterminer le cahier des charges (les grandes lignes du projet) et attribuer un budget avant de passer à l’étape « appel d’offre ».
Par ailleurs, les débats au conseil de Paris ou d’arrondissement montrent que c’est davantage une refonte totale de la place qui est envisagée, notamment à l’écoute des membres des l’exécutif comme :
Monsieur NADJOVSKI (adjoint à la Maire de Paris chargé de toutes les questions relatives aux transports, à la voirie, aux déplacements et à l’espace public)
les places aujourd’hui sont devenues des ronds-points automobiles, des giratoires où s’exprime le plus souvent d’ailleurs l’individualisme forcené de l’automobiliste qui veut s’imposer face à celui à côté de lui pour prendre la place justement. L’idée avec ces projets d’embellissement et de réaménagement est de passer du terrain de Je au terrain de jeux qui est aussi un terrain du Nous, c’est-à-dire un terrain collectif. Il s’agit de partir des usages, de réfléchir à l’avenir de ces places en partant des usages tels qu’ils sont aujourd’hui pour définir un projet, un plan-programme qui servira de base au projet de chaque place.
(…)
La place de la Nation possède un square central qui est aujourd’hui un îlot au milieu d’un giratoire automobile. Il importe de redonner une urbanité à cet îlot et faire en sorte qu’il devienne au moins une île ou une presqu’île, ce serait encore mieux si l’architecte des bâtiments de France nous y autorise, ce qui n’est pas sûr. C’est aussi penser au devenir de la place de la Nation en lien avec l’arrivée prochaine de l’Université Sorbonne Nouvelle à Picpus Saint-Mandé, qui sera toute proche. (…)
Monsieur MISSIKA (Adjoint à la Maire de Paris, chargé de l’urbanisme, de l’architecture, du projet du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité) :
« (…) Pour reprendre ce qui a été dit par M. NAJDOVSKI et préciser un certain nombre de choses d’abord. Ce que nous voulons faire avec ces aménagements de places, c’est vraiment redonner leur place aux piétons. Il y a un urbanisme des autoroutes urbaines, des voitures et des parkings, faites des places et des pistes cyclables et vous obtenez des piétons. De ce point de vue, cela s’inscrit dans une démarche d’ensemble. (…)
Une petite remarque. Nous avons fait la place de la République lors de la précédente mandature. Là, nous faisons 7 places. Vous vous rendez bien compte qu’il y a accélération, une volonté d’aller vite. Mais nous avons aussi un objectif de faire moins cher. C’est la raison pour laquelle il y a cette enveloppe de 30 millions d’euros. »
Si l’ambition de la ville est de revoir l’ensemble de la place, elle est limitée par deux réalités :
- L’architecte des bâtiments de France n’autorise pas de modifier l’esprit de la Nation qui émane justement d’un mouvement giratoire autour de la statue centrale ;
- Le budget prévisionnel est de 30 millions d’euros pour l’ensemble des sept places concernées. Pour mémoire, la « réfection » de la place de la République a coûté à elle seule 24 millions d’euros. Cette enveloppe limite donc grandement le potentiel d’action. Mais il faut rester vigilant sur la capacité des socialo-vert à trouver l’argent qu’ils n’ont pas dans la poche des habitants.
Voici les positions du groupe des Républicains :
Mme Corinne ATLAN-TAPIERO, Conseillère d’arrondissement :
Ma remarque concerne la présentation de cette délibération. Il est évoqué à longueur de délibération, un aménagement mais surtout l’embellissement des places. Or, on s’aperçoit, pour avoir assisté aux premières réunions de concertation sur Bastille et Nation, qu’il s’agit d’une refonte complète des sites.
Je pense qu’on ne peut pas parler de simple embellissement lorsqu’il s’agit d’une refonte où l’on va modifier un certain nombre de modes de déplacement.
Il y a en règle générale dans ces projets, quelque chose qu’il est impératif pour nous de prendre en compte, c’est la place du piéton dans Paris. On parle beaucoup de modes de transports alternatifs mais il me semble qu’on oublie un peu trop souvent la place du piéton qui doit rester aussi importante que celle des déplacements alternatifs.
Enfin, je constate que vous employez très volontiers le vivre-ensemble à toutes les sauces. Si ces projets sont l’occasion de mettre en œuvre notre volonté d’excellence et d’exemplarité en matière de vivre-ensemble, il s’agit simplement d’aménager des places. Je veux bien que cela favorise le vivre-ensemble. C’est un concept qui se veut philosophique, mais c’est un peu compliqué à comprendre dans l’exposé de cette délibération.
M. Franck MARGAIN, Conseiller d’arrondissement:
Merci Mme la Maire. Quelques précisions techniques. Je reprendrai l’interrogation de Mme ROTA sur le budget prévisionnel de 30 millions d’euros pour l’ensemble de cette place.
Est-ce que vous avez déjà décidé quels seraient les projets ? Ou avez-vous une marge de manœuvre compte tenu de l’ampleur des projets ?
Deuxième interrogation. Comment allez-vous éviter les erreurs réalisées à la place la République ?
Cette minéralisation à outrance, l’absence d’espaces verts. Est-ce que l’opposition sera entendue dans les prochains aménagements ? Je reprendrai également des questions techniques plus particulièrement liées à la place de la Bastille avec sa connexion à la promenade plantée, sa connexion avec le projet d’aménagement des berges de la Tour Eiffel à la Bastille. Telles sont les questions d’ordre technique qui nous apparaissent importantes.
Je voulais vous demander la manière dont vous envisagez ou si vous avez une idée sur les répartitions qui ont déjà été octroyées dans votre enveloppe prévisionnelle entre Bastille, Nation et les autres places ? Merci.
A suivre : voir les dossiers spéciaux :