Le conseil du 28 septembre 2021 a été l’occasion de discuter du plan bruit de la Ville de Paris pour les 2021-2026. Son nom précis : le plan d’amélioration de l’environnement sonore (PAES) ayant valeur de Plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE). Ce plan a aussi vocation de consultation publique.
Je me suis exprimé sur ce sujet au nom du groupe Changer Paris pour expliquer pourquoi nous nous abstenons, dans l’attente de plus d’amélioration de ce plan bruit au Conseil de Paris.
Avant de résumer ma position, voici un résumé de ce document. Le projet de plan bruit présente, en premier lieu une série d’actions de réduction du bruit routier et met en avant la limitation de la vitesse des véhicules (limitation 30 km/h) la qualité des infrastructures (enrobés phonique), le contrôle des véhicules les plus bruyants (radars sonores) ou encore en poursuivant le soutien aux modes de transports silencieux (mobilités actives, transports à motorisation électrique ou hydrogène…).
Concernant précisément le 12e, il prévoit l’installation d’un radar sonore sur le quai de la Râpée afin, je cite « d’appuyer la médiation sur des données objectives de mesure et de mettre en place des dispositifs d’alerte. »
Dans le domaine du bruit de voisinage, le plan bruit met en avant les actions de médiation et de régulation des comportements et des activités sur l’espace public, notamment la nuit (contrôle des terrasses estivales, du tapage nocturne, médiation avec les professionnels–bars, restaurants, établissements de nuit).
La Ville de Paris s’engage également à agir sur le bruit des chantiers, avec une charte des chantiers écologiques à faibles nuisances qui a vocation à être partagée avec des nombreux maîtres d’ouvrages, à développer le concept de livraisons silencieuses, à porter attention à ses propres activités (ventilations de ses équipements, engins de la Propreté de Paris), à apporter une meilleure réponse aux plaintes pour nuisances sonores.
À titre d’objectif pour 2025, si les actions menées dans le présent plan permettaient une nouvelle baisse moyenne de 2 décibels des niveaux sonores, le nombre de personnes exposées à un bruit routier supérieur à 68 dB(A) à leur domicile selon l’indicateur Lden, pas serait de 100.994 personnes à 22.229 personnes, soit une baisse de 78%.
Ma position sur le plan bruit
Tout d’abord, j’ai rappelé, au nom du groupe Changer Paris, que nous ne pouvons qu’être pour le principe de ce plan bruit, même si je ne le dis pas trop fort.
Sur la forme, j’aurai aussi pu me réjouir que ce plan ait abandonné le point médian (c’est ma marotte). Je passe les déclarations d’intention, comme sur la nature en ville car il n’y a pas un endroit de Paris qui n’ait pas été touché par la main de l’homme et que, nécessairement, toutes les modifications envisagées par l’Homme resteront artificielles, à moins de faire disparaître l’espèce humaine. Et l’espèce humaine développe nécessairement du bruit. Il faut donc vivre avec en conciliant les conséquences olfactives des activités de l’homme et la santé publique ; ce que là encore le rapport ne nie pas.
Mais revenons à ce que j’ai pu dire au Conseil. Sur les points négatifs, je note une disproportion entre les actions relatives au bruit dit routier (14 actions sur 30) par rapport aux autres sources de nuisances.
S’agissant donc des autres actions, le plan d’amélioration de l’environnement sonore comporte une série d’actions de médiation et de régulation des comportements et des activités sur l’espace public, notamment la nuit (contrôle des terrasses estivales, du tapage nocturne, médiation avec les professionnels–bars, restaurants, établissements de nuit).
J’ai ainsi posé plusieurs interrogations (qui sont restées en partie sans réponse) :
- Quel sont les moyens mis à dispositions de ce service (en agents déployés sur le terrain notamment ou est-ce que ce sont des agents qui auront d’autres missions) ?
- En anticipant peut-être ma question orale, posée le même jour (sur la police municipale) quelle place la future Police municipale prendra dans ces actions de médiation et de régulation ?
- Quel est le calendrier de mise en place de ce dispositif ?
S’agissant des chantiers ou groupe électrogène, il existe désormais des structures mobiles, gonflables, très importante, qui peuvent entourer temporairement des sites générateurs de bruit. Cela a le mérite d’être moins contraignant pour le travail. Pourquoi ne pas évoquer ces dispositifs, voire aider les entreprises à les acquérir ?
Sur les chantiers toujours, au-delà des plans d’actions, on compte près de 7.000 à Paris selon l’outil dédié du site de la ville. J’ai donc indiqué que la Ville de Paris devrait commencer par les coordonner et les programmer, comme cela a été promis fin 2019. Certes, la pandémie a ralenti l’activité globale mais elle ne doit pas servir d’excuse à ce type de dérobade. Comment prétendre à lutter contre un problème tout en en étant la cause…
Le cas des coronapistes est à noter : ces aménagements présentés à l’origine comme temporaires sont toujours en place et la Mairie de Paris a annoncé en avril dernier qu’ils seraient pérennisés avec des chantiers qui s’étaleront sur deux ans à partir de juillet 2021… entrainant donc de nouvelles nuisances.
Cela me permet d’aborder la question des bruits liés aux transports.
En premier lieu, je suis surpris de ne pas voir le mot train dans ce rapport. Il y a quelques années, des capteurs ont été installés rue Coriolis pour une étude de long terme (photo ci-jointe). Pourquoi n’avons-nous jamais son résultat ?
Sur le routier, je suis aussi surpris de lire tant de ligne sur la Qualité des infrastructures. Le vrai problème ici est le mauvais état flagrant de la voirie parisienne. Les nids de poules se multiplient et l’espace public est abandonné au chaos et à la laideur. Les travaux incessants et l’abandon de la voirie représentent un véritable danger pour les utilisateurs de l’espace public parisien et premier lieu pour les piétons.
La Mairie de Paris en est responsable, notamment, en renonçant à entretenir convenablement la voirie parisienne comme le montre la chute de 14% des dépenses de travaux et d’entretien de la voirie au budget 2021. Ce mauvais état entraine forcément des perturbations pour les usagers – qu’ils soient à pied, à deux roues ou à quatre roues – et donc de la pollution sonore.
Ensuite, nous ne sommes pas dupe que vous tentez de légitimer scientifiquement votre choix de limiter la vitesse à 30 km/h alors que les démarrages au feu rouge ou le bruit des embouteillages permanents resteront les mêmes, que l’on roule à 30 ou à 50 km/h. Je n’ai pas envie de revenir sur le sujet des 30 km/h sur tout le territoire de la Ville car vous connaissez déjà la position du groupe changer Paris mais cela ne règle pas le sujet des bruits des moteurs proprement dit.
En effet la transition vers les véhicules électriques ou à hydrogène est certes évoquée mais pas assez. Bien pire, l’utilisation de véhicules propres – électriques, hybrides ou à hydrogène – apparaissent exclus par les mesures « d’urbanisme tactique » mises en œuvre par l’exécutif. À la lutte contre la pollution automobile entreprise jusqu’alors, semble avoir succédé à nouveau une lutte pure et simple contre l’automobile dans la Ville, qu’elle soit ou non propre. Cela n’est pas compréhensible.
En conclusion, ce plan comporte des avancées mais aussi des limites assez incompréhensibles qui pourraient être amendé en conseil de Paris.
Sous réserve des quelques questions que j’ai posées, j’ai annoncé l’abstention du groupe Changer Paris.