Tribune de Pierre-Yves Bournazel, Agnès Evren, Valérie Montandon et Vincent Roger, porte-parole de Nathalie Kosciusko-Morizet.
Soyons sport : reconnaissons à la candidate socialiste un talent certain… pour les phrases creuses et ronflantes, les concepts abscons et la poésie du néant. La lecture des 200 pages de son programme, présenté le 8 décembre, est à cet égard un régal. Ajoutons-y quelques idées farfelues telle la construction d’un téléphérique entre les gares de Lyon et d’Austerlitz ou l’installation d’agriculteurs sur les toits de Paris.
On l’aura compris : Mme Hidalgo avait décidé que son pensum – qui hésite souvent entre le cours de géo et le traité sociologie – devait aussi offrir quelques fous rires.
Nous avons sélectionné pour vous quelques unes des meilleures perles.
La précieuse ridicule :
- « La Seine irrigue Paris et son imaginaire » (page 34)
- Paris devrait rester une « ville créative dans un esprit pirate et foisonnant » (page 66)
- « L’occupation positive de l’espace public » (page 79)
- L’écologie, « une ambition joyeuse pour notre ville » (page 84)
- Paris « la métropole du consommer local » (page 86)
- « Les boulangeries, les charcuteries, les poissonneries, les cafés et les brasseries, les librairies et les galeries scintillent le long des rues de Paris » (page 109) (c’est Noël toute l’année)
- Les gares «développeront plus d’aménités »
- « Paris, c’est une attitude, un chic à part ! » (page 114)
- Enfin, ce jeu de mot à propos de la Fashion week : la « fête (faîtes) de la Haute couture et de la création »
L’art de ne rien dire :
- « La nuit est différente du jour, le dimanche est différent du reste de la semaine, les saisons elles-mêmes changent notre ville ». (sans commentaire)
- « L’espace public sera un lieu d’expérimentation de la ville partagée ».
- « Ce grand pas en avant nourrira, embellira et réinventera notre capitale ».
- « Il faudra mettre fin au gaspillage sexué des compétences » (? !).
- « J’observe que la plupart des activités économiques, sociales et culturelles des villes s’appuient sur une gamme de systèmes en réseaux qui facilitent le mouvement des personnes, des biens, de l’information, des idées, des capitaux, de l’énergie et de l’eau ».
- « Une ville est d’abord un ensemble de bâtiments, une étendue spatiale et territoriale, une structure urbaine qui définit l’espace physique. La composition d’une ville est dominée par ses constructions et par ses espaces – immeubles d’habitation, commerces, bureaux, bâtiments publics, monuments, places, rues, quartiers… » (On a rien oublié ?)
- Pour ceux qui n’auraient pas saisi : « La ville est un espace à vivre, un espace pour vivre, un espace qui a du vécu ; la ville est aussi une population qui travaille, bouge, se parle, s’éduque et se distrait. »
- « Pour comprendre les multiples éléments du débat, nous utiliserons continuellement les conseils et les visions de responsables internationaux pour nous aider à comprendre les situations actuelles et détecter les tendances futures. » Après ça, s’ils n’ont pas compris…
Toujours plus haut…
- « Nous interviendrons sur la réglementation à l’échelle nationale et supranationale ».
- « Je veux que la ville investisse et prenne des risques pour relever les défis du futur mais je veux aussi d’une ville qui anticipe les catastrophes, les évite si possible, et tempère leurs conséquences ». (Tout est dans le « si possible »)
- « Il s’agira de transformer la ceinture du boulevard périphérique, cette frontière historique du XIXe siècle, en véritable arc de l’innovation du XXIe siècle ».
- « Je veux un accès universel à la culture et à la création qui associe des acteurs de tous les horizons. »
- (Prenez votre respiration) : « La convergence de plusieurs mutations survenues au cours des deux ou trois dernières décennies – l’évolution de la société vers davantage d’initiative individuelle, celle des technologies vers des outils permettant plus facilement des modes d’organisation décentralisés, non hiérarchiques et capables d’intégrer des contributions multiples et disparates, celle enfin de l’économie vers une reconnaissance de nouvelles formes d’échange et de création de valeur – permet en effet d’envisager l’idée d’un service public participatif de façon concrète. » C’est clair !