Compte-rendu d’une réunion publique rédigé le 10 février 2014 pour le site de campagne de Valérie Montandon
C’est un peu une ambiance de rentrée qu’a connue hier le café « la Terrasse » à l’angle du Boulevard Soult et de l’Avenue de Saint-Mandé, qui a vu se réunir des parents d’élèves, parfois accompagnés de leurs enfants, autour de Valérie Montandon, tête de liste pour le 12ème, et de Corinne Tapiero, conseiller d’arrondissement et colistier, pour discuter des problématique de l’école.
La commune ayant de nombreuses compétences matières scolaires et périscolaires, l’école est par nature un sujet de campagne. Ainsi, la ville de Paris est propriétaire des bâtiments. Elle est responsable de la restauration des élèves, gère les agents non-enseignants, la surveillance dans les temps non-scolaire et, par suite, peut aussi organiser des activités périscolaires complémentaires au sein de l’école.
Cette dernière attribution s’est vue particulièrement renforcée avec la réforme très contestée des rythmes scolaires.
Pour mémoire, des pédagogues influents ont estimé que l’organisation du temps scolaire, qui fonctionnait correctement depuis plusieurs décennies de génération d’élèves, devait impérativement être modifiée pour le salut des enfants.
Ainsi, la journée de classe ne doit pas excéder 5h30 et la pause méridienne ne peut être inférieure à 1h30. Dans le même temps, la semaine scolaire est fixée à 24 heures d’enseignement réparties sur neuf demi-journées : c’est la fin de la semaine de quatre jours avec un enseignement le mercredi matin.
Cette réforme, décrétée le 26 janvier 2013, affecte aux communes le soin d’organiser des activités non définies – mais non enseignantes – pour assurer la prise en charge des élèves entre la fin des enseignements et jusqu’à 16h30.
Or, la mise en œuvre de cette réforme des rythmes scolaires suscite toujours de très grandes inquiétudes car elle est la source d’innombrables problèmes qui ont été abordés ce 8 février.
Une réforme bâclée
Au préalable, Valérie Montandon, qui a ouvert cette rencontre, a rappelé l’investissement des élus d’opposition sur cette question polémique et les nombreuses critiques qui lui ont été remontées (voir l’article déjà consacré à cette question sur ce site).
Ainsi, elle est revenue sur la mise en œuvre précipitée de cette réforme à Paris, qui a voulu être au premier rang de cette expérimentation, en seulement 5 mois !
Certes, face à l’ampleur des craintes (justifiées) des parents et enseignants face à cette réforme, la mairie a été contrainte d’organiser une grande réunion « pour débattre et échanger autour de la construction du projet éducatif parisien » (sic) le 18 février 2013. Elle s’est tenue à l’espace Reuilly en présence de M. Delanoë. Comme d’habitude, elle n’avait rien d’une concertation car les exposés des intervenants visaient à faire passer ce qui avait été décidé d’avance.
Valérie Montandon et Corinne Tapiero ont effectivement montré que dans les faits, la Ville s’est contentée de mettre en œuvre ce que les pédagogues du ministère de l’Education nationale avaient décidé en amont, sous l’impulsion de Vincent Peillon.
La rentrée 2013 fut l’occasion d’en voir la concrétisation : un grand cafouillage.
Du côté des enseignants, par exemple, ce n’est que la veille de la rentrée que certains instituteurs ont découvert qui étaient les associations intervenantes pour les nouveaux temps de l’école à Paris à savoir le mardi et le vendredi à partir de 15H les autres journées restant à 6H d’enseignement..
De la même manière, le contenu des activités proposées pas ces associations n’a jamais été présenté auparavant.
Enfin, Valérie Montandon est revenue sur les deux plus grosses critiques relatives à la fatigue des enfants, d’une part, et à la rupture manifeste d’égalité entre élèves que cette réforme a induite.
En effet, dans les écoles mieux organisées, une vraie plus-value culturelle a été proposée aux enfants tandis que d’autres écoles, plus modestes, se contentaient d’occuper les enfants par du récréatif, voire selon les remontées suivantes, en les plaçant devant la télé !
Enfin, un constat global particulièrement négatif fut le développement de la turbulence des enfants dans les périodes d’instruction. Car les enfants sont invités soudainement à « se relâcher », dans les autres temps, au sein du même-environnement, avec des animateurs très jeunes qui se comportent plus en « grands frères » qu’en encadrant, nuisant ainsi à leur faculté constante de concentration. Ce relâchement est ensuite vigoureusement ressenti par les enseignants qui ont davantage de mal à restaurer la discipline nécessaire à l’acquisition du savoir et par les parents qui retrouvent des enfants très fatigués.
Cette reforme contribue à désacraliser l’École.
Il est donc urgent de mettre fin à ce nivellement de l’instruction par le ludique.
La parole a ensuite été donnée à Corinne Tapiero qui est venue préciser ces propos.
Ainsi, l’ancienne vice-présidente d’une des plus grandes associations de parents d’élève (la PEEP), a ajouté que cette reforme a également comme conséquence d’évincer les directeurs d’école de ce temps péri-scolaire qui n’ont plus comme fonction que d’organiser matériellement les autres temps mais de ne pas s’occuper du contenu qui est laissé aux représentants de la ville.
En effet, les activités proposées sont totalement déconnectées du scolaire. Preuve en est, l’interdiction de faire du soutien scolaire !! Certes, il est toujours possible d’organiser un « temps pédagogique complémentaire » (aide aux devoirs ou soutien scolaire mais seulement par séquence de 20 min et entre 11h30 et 13h 30 ; autant dire que le temps de déplacement des élèves est largement utilisé à leur déplacement dans l’école pour rejoindre ce groupe de travail! ).
Après ces quelques précisions, Corinne Tapiero a laissé la parole aux parents dont voici, en résumé quelques réactions symptomatiques du danger ressenti et exprimé lors de cette réunion.
Des échanges instructifs et constructifs
Pour commencer, une des mères présentes a particulièrement bien exposé la situation des enfants.
Ainsi, sa fille, en classe de CM1, a pu choisir une activité de théâtre, de quoi réjouir sa mère qui voit dans cet art l’occasion d’améliorer son expression et de travailler sur sa timidité. Cet engouement s’est vite estompé lorsqu’elle s’est aperçue que l’animatrice, certes enseignante de théâtre, n’avait aucune autorité sur les enfants, se contentant de les placer en ligne pour leur faire lire à chacun une phrase d’un texte compliqué, entre deux réprimandes.
De la même manière, cette même fillette a connu « la joie » de décorer une boîte à chaussures… tout un programme en CM1, ou de jouer au ping-pong.
Mais le pire concerne son fils qui est en CP. Contre toute attente, la mère est informée la veille de l’activité qui sera proposée à ce dernier : la rédaction d’un article, avec recherche sur internet. Une activité a priori très formatrice. Mais quelle stupeur quand de retour à la maison, son enfant de 7 ans rapporte des photos extraites d’un jeu vidéo interdit au moins de 16 ans (GTA IV) où le joueur incarne un gangster, qui fait l’apologie des armes à feu et des filles faciles (de quoi donner une syncope à notre ministre du droits des femmes !).
Ces anecdotes illustrent à elles seules l’amateurisme et l’anarchie qui règnent dans ces temps périscolaires, avec des encadrants peu formés pour s’occuper sérieusement des élèves et des activités proposées complètement délirantes.
Toutes les remarques des différents intervenants revenaient principalement sur ces points :
- Etonnement face à l’absence d’information, y compris par les directeurs d’établissement qui sont incapables d’exposer clairement ce que les enfants vont devoir faire.
- Très mauvaise organisation des activités périscolaires
- Les animateurs ne sont pas assez formés et ne font pas l’effort de connaître les enfants. Certains sont même trop jeunes et ont simplement le BAFA.
- Manque de personnel ou d’assistants (ASEM ?). De ce fait, les enfants vont la plupart du temps seuls aux toilettes.
- Les enfants sont en grande majorité très fatigués ; pas de repos le mercredi matin.
- Dès 16h30, en cas de retard des parents, les enfants se retrouvent seuls à la sortie de l’Ecole, au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité.
- A la question suivante de Corinne Tapiero : « Est-ce que les résultats scolaires progressent avec cette réforme ? » : la réponse a été unanimement NON. Pour partie ils régressent même.
Face à cette situation d’amateurisme total, et de régression, tendant à transformer l’école en garderie, et ne voulant pas laisser leurs enfants à l’inconnu, de nombreux parents préfèrent aller les chercher tous les jours à 15 h pour leur proposer des cours de langue. Ce qui les oblige dans bien des cas à jongler avec leur propre emploi du temps professionnel.
Valérie Montandon a beaucoup insisté sur un des points les plus graves de cette réforme mensongère, qui sous prétexte d’égalité et de meilleur apprentissage des savoirs, porte atteinte, dans les faits, à l’égalité entre les élèves, en accentuant les disparités et les aléas.
Cette réforme porte une grave atteinte à l’égalité des chances.
Le bilan : enfants fatigués, enseignants et directeurs peu soutenus, dont la tâche a rendue encore plus compliquée, animateurs en difficulté et non formés, activités hasardeuses et intellectuellement peu stimulantes. L’école ne peut souffrir une telle régression !
Une personne est également intervenue pour expliquer que n’ayant pas d’activité, elle a postulé pour être animateur et après seulement un bref échange téléphonique, on lui a dit où commencer le lendemain sans plus de contrôle de ses qualifications !
Des solutions alternatives existent
Valérie Montandon et Corinne Tapiero ont ainsi résumé les propositions pour remédier à cette catastrophe :
- Plus de transparence et de rigueur dans le choix des associations habilitées à intervenir en milieu scolaire et sur le contenu pédagogique des ateliers.
- Remettre le directeur d’école au cœur de l’organisation de celle-ci.
- Restaurer un vrai programme périscolaire et non du récréatif ludique (par exemple développer et favoriser l’apprentissage des langues qui prête parfaitement à un cadre moins scolaire, en faisant, pourquoi pas, appel à des locuteurs natifs).
- Restaurer des relations apaisés entre parents d’élèves, les enseignants et la commune car chacun apporte son concours à l’instruction de nos enfants.
Et pour terminer, en ces périodes où les élus en charge de l’avenir de nos enfants perdent leur sang froid et inquiètent les parents, un retour au bon sens doit être au cœur de leur action.
Ainsi, remémorons-nous cet enseignement attribué à Victor Hugo :
L’éducation, c’est la famille qui la donne ; l’instruction, c’est l’Etat qui la doit.
Matthieu SEINGIER
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